Réussir sa démarche RSE en entreprise

Depuis 2001 et l’obligation d’un reporting des actions de Responsabilité Sociétale des Entreprises pour les firmes cotées en Bourse, le principe de la RSE n’a cessé de progresser dans les entreprises. Par la loi qui a étendu en 2011 à de nombreuses entreprises l’obligation de publier les actions en la matière, et surtout par une conviction de plus en plus sincère de sociétés sur le sujet. Qu’est-ce que la RSE, comment se développe une démarche RSE, quels en sont les impacts ? Nous faisons ici le tour de la question.

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Les ressorts de la Responsabilité Sociétale des Entreprises

Encore trop mal connue, la RSE peine parfois à convaincre. Et pourtant, elle a de nombreux atouts.

Démarche RSE : définition

On peut définir la RSE comme l’intégration volontaire par les entreprises de préoccupation sociales et environnementales à leurs activités commerciales et leurs relations avec les parties prenantes. Celle-ci repose sur trois piliers, issus de la notion de développement durable.

Le pilier économique

Si une entreprise doit être économiquement viable, elle doit aussi contribuer à créer de la valeur qu’elle va partager. Ce faisant, elle participe à l’amélioration des conditions de vie et à la réduction des inégalités. Elle s’engage vis-à-vis de la société, des autres entreprises, des clients.

Le pilier social

Porter une démarche de RSE en entreprise, c’est développer l’engagement sociétal des entreprises. Si dans les pays occidentaux, le droit du travail semble suffisamment protecteur, l’entreprise peut faire mieux pour promouvoir des valeurs d’équité en son sein. Et dans de nombreux autres pays, l’exploitation reste encore la règle.

Le pilier environnemental

L’activité d’une entreprise a un impact négatif sur l’environnement. Son investissement dans la RSE implique qu’elle travaille à réduire cet impact par des actions significatives par exemple avec un challenge environnement ou Challenge RSE en entreprise

Les bénéfices d’une politique RSE en entreprise

Pourquoi une entreprise se lancerait-elle dans une démarche RSE si elle n’y est pas obligée ? Il en existe qui le font par pur altruisme. Mais la motivation vient également des impacts positifs de la démarche sur l’entreprise. On s’est en effet rendu compte de ses effets bénéfiques sur la vie des sociétés. Les entreprises d’aujourd’hui ont également le challenge d’associer RSE et bien être en entreprise.

De lourds impacts sur la planète et les humains

Les conséquences des activités humaines sont aujourd’hui bien connues. On résumera celles-ci pour chacun des trois piliers  :

  • Sur l’économie : la corruption est l’un des fléaux des affaires, qui peuvent par ailleurs favoriser la dégradation des services publics, et donc du bien commun.
  • En matière sociale, les conditions de travail peuvent nuire à la santé des travailleurs comme des riverains, voire s’apparenter à de l’esclavage moderne.
  • Quant à l’environnement, entre l’atteinte à la biodiversité, la pollution, les émissions de carbone qui contribuent fortement au dérèglement climatique, les effets délétères ne manquent pas.

Les bienfaits de la démarche RSE pour l’entreprise

S’engager dans une démarche RSE n’est pas anodin pour une entreprise. Cela signifie qu’elle est prête à remettre en question jusqu’à son organisation et ses méthodes de fonctionnement.

Mais elle sort gagnante de ce travail sur trois plans essentiels :

  • Les performances : elle sait mieux gérer les risques, sécuriser ses approvisionnements de matières premières avec des fournisseurs responsables, faire des économies par une plus grande sobriété de fonctionnement.
  • La qualité des collaborateurs : vertueuse sur le traitement de ses employés, l’entreprise attirera plus facilement les talents. Une étude KANTAR de 2020 le montre : dans les structures engagées dans une démarche de RSE, 83 % des employés estiment que leur entreprise a un impact positif sur la société, contre 59 % de ceux travaillant dans une organisation n’ayant pas initié cette procédure.
  • Le bénéfice d’image, qui se concrétise en bénéfice financier. 9 Français sur 10 privilégient les entreprises engagées pour une consommation plus durable. À l’inverse, le « greenwashing » ou « faux verdissement » est mal considéré et susceptible de détériorer image et ventes.

Mettre en place une démarche RSE en 6 étapes

La direction d’une firme doit d’abord se convaincre du bien-fondé de la RSE. Il ne s’agit pas de lancer un chantier à reculons pour en sortir des mesurettes insignifiantes. Le salut vient du fait que la RSE fait partie de la stratégie d’entreprise, qu’elle est un levier de développement.

1 – Nommer un responsable

C’est le premier signe que la RSE, c’est du sérieux : nommer une personne dédiée au pilotage du projet. Elle sera l’interface entre les parties prenantes et s’évertuera à faire avancer la démarche, à trouver des solutions… Elle est la clé de la réussite du projet.

2 – Identifier toutes les parties prenantes pour les impliquer dans le processus

Une entreprise, c’est un écosystème assez large : salariés, syndicats, direction en interne, fournisseurs, clients, structures publiques, investisseurs, etc.

Le moyen de changer efficacement la vie de l’entreprise par le jeu de la RSE repose sur l’engagement de tous ces acteurs, internes et externes. Il faut décrire cet écosystème et identifier les pôles interagissant.

Doté de cette vision précise des parties prenantes, l’enjeu est de les convaincre et de les impliquer dans la démarche. Cela passe par une série d’actions qui prépareront la mise en œuvre du plan final :

  • Proposer des événements internes : présentation de la démarche auprès de l’ensemble du personnel. Points réguliers sur l’avancement du projet : petits-déjeuners, séminaires en dehors de l’entreprise, conférences sur une thématique ayant trait à l’un des piliers de la RSE, etc. Les équipes sont la clé de voûte de la réussite d’une politique de RSE ambitieuse.
  • Discuter avec les parties prenantes extérieures, expliquer la démarche, les convaincre de son bien-fondé et des bénéfices qu’elles pourront en tirer.
  • Faire des employés et des clients les promoteurs de la transformation de l’entreprise par la RSE.

3 – Réaliser un état des lieux RSE de l’entreprise

On ne peut construire une nouvelle approche sans avoir fait le tour de l’ancienne. Il est donc indispensable de bien connaître d’où l’on part en réalisant un état des lieux RSE.

Sans doute, votre entreprise a-t-elle déjà mis en place des actions s’inscrivant dans une logique de développement durable. C’est un premier élément à analyser ; comment ont-elles été accueillies, les objectifs ont-ils été atteints ? Pourquoi oui ou non ? À partir de cas concrets, il est possible de mettre en évidence des freins et des leviers de motivations.

Il faut ensuite procéder à une revue de détail du fonctionnement de l’entreprise : pour chaque poste, qu’est-il possible d’améliorer ou de consolider en matière de RSE ?

En parallèle, il est faut réaliser une étude des actions RSE menées par d’autres acteurs du marché, une sorte de benchmark.

Sur la base d’une cartographie complète de ce qui s’est déjà fait, des résistances et des points de motivations potentiels, et de ce que font les autres, un plan d’action ambitieux pourra être élaboré.

4 – Définir un plan d’action RSE et son budget pour concrétiser la démarche RSE

Débuter par une action engageante peut être intéressant. Il sera plus facile de construire le plan d’action.

Produire le bilan carbone de l’entreprise, un galop d’essai formateur

Attaquer par le pilier environnemental ne signifie pas qu’on oublie les deux autres composantes. Mais c’est un symbole fort et parlant, propice à lancer la démarche.

Ce bilan carbone peut être réalisé en interne sur la base de la méthode développée par l’ADEME, ou confié à un prestataire extérieur. Ses résultats permettront d’identifier des points plus problématiques que d’autres en matière environnementale et de fédérer le personnel.

Une communication RSE interne sur les résultats de ce bilan, suivie d’échanges et de travaux participatifs avec les salariés, donnera le coup d’envoi de la transformation de l’entreprise.

Définir un plan d’action RSE pertinent

Qu’attend-on du plan d’action ? Qu’il définisse des objectifs d’amélioration et de changement sur les trois dimensions de la RSE. Une fois développées les mesures proposées, il conviendra de les hiérarchiser, en prenant en compte deux questions :

  • Quelles sont les plus impactantes ?
  • Quelles sont celles qui vont bénéficier le plus à l’entreprise ?

Un engagement économique

Les entreprises peuvent par exemple renforcer et développer leurs liens avec des acteurs locaux, qu’il s’agisse de producteurs, de fournisseurs ou de transporteurs.

La mise en place d’une politique d’achats responsables est également un signe fort. Elle peut commencer sur quelques produits et s’étendre progressivement à d’autres.

Un engagement social

L’entreprise peut mener des actions directement visibles, allant dans le sens d’une amélioration de la qualité de vie au travail :

  • Mise en œuvre d’une politique d’égalité salariale hommes-femmes,
  • Ouverture ou pérennisation d’un droit au télétravail,
  • Création d’une cellule d’écoute sur le harcèlement,
  • Développement d’activités tournées vers le bien-être des salariés : activités rse et sport, ateliers bien-être, etc.

Un engagement environnemental

Ici les possibilités d’action sont les plus nombreuses. Parmi d’autres :

  • Procédures de réduction et de recyclage de tous les déchets,
  • Amélioration de la performance énergétique des locaux, choix de fournisseurs d’énergies renouvelables,
  • Réduction des consommations : énergie, eau,…
  • Optimisation des modes de déplacement : privilégier, les transports en commun. Favoriser le co-voiturage, les modes de transport doux (bicyclette…),
  • Améliorer l’empreinte écologique de la chaîne d’approvisionnement,
  • Créer des espaces verts, des lieux de protection de la biodiversité, des jardins partagés, etc.
  • Communication responsable autour des eco-gestes au bureau

Définir un budget pour pérenniser le plan d’action

Si certaines actions ont des coûts financiers très faibles, comme la modification d’une grille salariale, ou la réduction des consommations, d’autres peuvent impacter le budget de l’entreprise : l’amélioration de la performance énergétique des locaux ou le choix de traiter avec des fournisseurs locaux et/ou responsables.

Il faut bien évaluer tous les coûts, afin de les inscrire au budget de l’entreprise. Et se rappeler qu’à terme, cet investissement sera rentabilisé en quelques années.

Trois exemples de démarche RSE

De nombreuses sociétés ont entrepris depuis des années une démarche RSE ambitieuse. En voici trois Françaises particulièrement emblématiques :

La CAMIF mise sur le dialogue social au cœur de l’entreprise, et privilégie une démarche d’entreprise écoresponsable dans la fabrication et la livraison de ses produits.

DANONE, du fait de son caractère multinational, a beaucoup travaillé pour le respect des droits humains dans des pays où le droit du travail est faible. En matière d’impact environnemental ou d’éthique financière, l’entreprise se veut également en pointe.

NATURE ET DÉCOUVERTES axe ses efforts sur son engagement social : bien-être au travail et télétravail sont des acquis. Les produits proposés sont issus de process de fabrication au moindre impact environnemental et véhiculent le respect de la nature.

5 – Communiquer pour mieux réussir

En 2020, près de trois salariés sur quatre s’estimaient insuffisamment informés sur la politique RSE de leur entreprise.

Sans communication, il n’y a pas d’engagement possible. Le plan d’action doit être largement diffusé, expliqué, débattu ; des retours d’expérience sont indispensables pour améliorer certaines mesures. Grâce à des communications up-Down et Down up à la fois, le changement pourra réellement s’installer.

Il faut aussi informer les partenaires et parties prenantes, ainsi que les clients, afin de capitaliser sur les efforts entrepris.

Il peut être intéressant de faire évaluer la démarche et d’obtenir un label (Engagé RSE, LUCIE, B Corp…) qui parlera souvent mieux qu’un discours.

Enfin, vous pouvez engager votre entreprise auprès de causes ou d’association pour donner un sens à un événement ou une action RSE. Il peut s’agir de course pour la bonne cause ou d’autres initiatives pertinentes.

Évaluer la démarche RSE des entreprises

La démarche RSE est permanente. Il faut l’évaluer régulièrement pour l’améliorer et supprimer les mesures improductives.

La création d’indicateurs RSE objectifs va de pair avec la mise en place de la démarche. Ceux-ci seront suivis par le responsable de la RSE dans l’entreprise

9 actions pour améliorer votre démarche RSE

Pour vous aider, parmi les centaines de mesures qu’il est possible de mettre en place dans une démarche RSE, nous en avons sélectionné 9 qui ont le mérite d’être cohérentes et de cibler les trois piliers de la RSE.

L’économique

1 – Favoriser les circuits courts dans les relations avec les fournisseurs. S’approvisionner localement permet de contribuer au développement du lieu d’implantation tout en limitant les émissions polluantes.

2 – Développer une politique de recrutement en direction des jeunes et des seniors. La présence dans l’entreprise de toutes les générations permet un partage d’expérience et des dynamiques rendant les équipes plus performantes.

3 – Collaborer avec des structures de l’Économie sociale et solidaire par la création de partenariats avec des fournisseurs et des prestataires issus de l’ESS pour d’éventuelles mises en places d’actions solidaires ou encore d’un Team Building Solidaire.

Le social et le bien-être des salariés

4 – Développer le télétravail permet une meilleure organisation des salariés entre leur vie professionnelle et leur vie privée, limite les transports et tend à réduire la surface de bureaux nécessaire.

5 – Favoriser le recrutement de personnes en situation de handicap. Cette politique s’accompagne d’un travail de sensibilisation de l’ensemble des salariés par le jeu d’ateliers sur le lieu de travail.

6 – Prévenir les risques psycho-sociaux. La mise en place d’une politique de prévention de la violence au travail par des ateliers de sensibilisation au harcèlement s’accompagne de la création d’un poste de référent.

L’environnement

7 – Encourager les mobilités douces : financement de l’utilisation de vélos ou trottinettes, prise en charge des frais de transports en commun, organisation d’une plateforme interne de covoiturage, limitation des voyages d’affaires, en privilégiant la visioconférence.

8 – Former les salariés à avoir les « bons » gestes dans l’entreprise comme chez eux, par des sessions d’atelier sur le zéro déchet, le gaspillage alimentaire ou l’habillement responsable.

9 – Promouvoir le recyclage : limitation des impressions et utilisation du papier recyclé ; recyclage des matériels électroniques et de tout autre déchet dans l’entreprise.