Indicateurs RSE : 40 exemples à mesurer
Si les entreprises sont le moteur de l’économie, elles en font souvent payer le prix à notre environnement et, dans certains pays, à leurs employés eux-mêmes. Les graves questions du réchauffement climatique, de la pollution ou des droits des travailleurs peuvent trouver une partie de leurs solutions dans les pratiques des sociétés.
En France, la loi PACTE — Plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises-entrée en application en 2019 incite les entreprises à devenir plus responsables.
Pour ce faire, la constitution d’une panoplie d’indicateurs RSE est un moyen efficace et de plus en plus partagé dans le milieu professionnel.
Améliorez votre démarche RSE avec la mise en place des indicateurs RSE.
Indicateurs RSE : De quoi parle-t-on ?
Qu’est-ce que la RSE ?
La RSE est par définition la manière dont les entreprises intègrent les préoccupations sociales, environnementales, et économiques dans leurs activités et dans leurs interactions avec les parties prenantes. Une stratégie RSE bien pensée permet à l’entreprise d’opérer de manière durable et éthique et de contribuer ainsi au développement durable, à la protection de l’environnement, et au bien-être des salariés. Il s’agit d’une démarche volontaire. Toutefois, la loi PACTE rend obligatoire pour toutes les entreprises la prise en « considération des enjeux sociétaux et environnementaux de son activité ». De plus, les sociétés cotées en bourse, ainsi que celles de plus de 500 employés ou générant un chiffre d’affaires supérieur à 100 millions d’euros, ont l’obligation de fournir un reporting extrafinancier annuel, ou reporting RSE.
Une fois engagées dans une politique de RSE, les entreprises ont tout intérêt à mettre en place des indicateurs afin de suivre l’évolution de leurs impacts environnementaux et sociétaux. La mise en œuvre de la RSE repose ainsi sur l’établissement de critères RSE clairs et mesurables, les indicateurs RSE.
Pourquoi des indicateurs RSE ?
Une entreprise qui pratique sincèrement une politique RSE va trouver de nombreux avantages dans l’édification et l’utilisation d’indicateurs, pour accompagner sa démarche.
1. Une mesure de performance
Les indicateurs RSE sont des KPI (Key Performance Indicators) permettant de mesurer la performance d’une entreprise en matière de responsabilité sociétale. En quantifiant l’impact des actions de l’entreprise sur son environnement et la société, ils aident à évaluer l’efficacité des politiques RSE mises en place. Cela permet aux entreprises de réaliser un diagnostic de leur impact environnemental, tel que le bilan carbone, d’identifier les domaines nécessitant des améliorations et de produire chaque année leur reporting extra financier.
2. Une preuve de transparence
La transparence est essentielle pour bâtir la confiance avec les parties prenantes. Les indicateurs RSE offrent un moyen objectif de communiquer les efforts et les progrès en matière de développement durable. Par exemple, en publiant des reportings sur les émissions de CO2, les consommations énergétiques, ou encore sur les initiatives d’achats responsables, une entreprise montre son engagement envers une gouvernance responsable.
3. L’engagement et l’image de marque
En communiquant leur engagement envers des valeurs sociétales et environnementales, les entreprises renforcent leur image de marque. Les labels RSE, obtenus grâce à l’atteinte d’objectifs mesurés par les indicateurs RSE, attestent de l’engagement d’une entreprise et renforcent sa réputation. Ceci attire non seulement des clients plus conscients des enjeux RSE, mais aussi des collaborateurs désireux de travailler pour une entreprise responsable.
4. Une réponse aux attentes réglementaires et à celles des investisseurs
Les réglementations concernant la divulgation d’informations environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) se renforcent. Les indicateurs RSE permettent aux entreprises de répondre à ces exigences légales, mais aussi aux attentes croissantes des investisseurs en matière de critères ESG. Ces derniers utilisent les données fournies par les indicateurs RSE pour évaluer le risque et la durabilité des investissements.
Comment définir vos indicateurs RSE ?
1. L’identification des domaines clés
Commencez par identifier les domaines d’impact significatifs de votre entreprise, au travers d’un audit RSE. Cela inclut l’environnement, les conditions de travail, la gouvernance, et les impacts sociaux. Chaque domaine identifié représente une occasion de mesurer des aspects précis de la performance et de l’impact de l’entreprise en la matière.
2. La sélection des indicateurs pertinents
Une fois les domaines clés identifiés, sélectionnez des indicateurs spécifiques pour chacun d’entre eux. Ces indicateurs doivent être pertinents, mesurables, et alignés avec les objectifs RSE de l’entreprise. Par exemple, l’impact environnemental peut être évalué au travers d’indicateurs comme les émissions de CO2, la consommation d’eau, ou le bilan carbone sont pertinents. Assurez-vous que chaque indicateur choisi peut être suivi de manière fiable d’année en année.
3. La définition des objectifs par indicateur
Pour chaque indicateur RSE, définissez des objectifs clairs et réalisables. Ces objectifs doivent être spécifiques, mesurables, atteignables, pertinents, et temporellement définis : par exemple, réduire les émissions de gaz à effet de serre de 20 % dans les 5 prochaines années. Les objectifs permettent d’avoir une politique RSE ambitieuse et transparente.
4. La mise en place d’un système de suivi
Développez ou intégrez une procédure pour le suivi régulier des indicateurs RSE. Cela peut impliquer des logiciels de gestion de la performance, des audits internes ainsi que la collecte de données auprès de différentes sources. Le système de suivi doit permettre une collecte de données fiable et la génération de reportings périodiques pour évaluer les progrès effectués vers les objectifs fixés.
5. L’analyse et les ajustements
Analysez régulièrement les données recueillies pour évaluer les performances de votre entreprise par rapport aux objectifs. Cela permet d’identifier les domaines nécessitant des améliorations et d’ajuster les stratégies et les actions en conséquence.
Labels et critères RSE
Les critères ESG
L’évaluation d’une politique RSE dans une entreprise passe par des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG). Ceux-ci permettent en effet de traiter les différents pans de la responsabilité sociale/sociétale, en les articulant pour en faire un principe cohérent.
- La performance environnementale : comment l’entreprise limite-t-elle l’impact de son activité sur l’environnement ?
- La performance sociale : comment prend-elle en compte le bien-être de ses collaborateurs, leur carrière ainsi que leurs performances ?
- La performance sociétale : les mesures prises pour limiter les effets indésirables de ses activités sur les humains et la société.
- La performance économique : l’activité de l’entreprise doit être pérenne et inscrite dans une démarche durable.
Afin de donner plus de poids, tant en interne que vis-à-vis de ses clients et des parties prenantes, l’entreprise peut faire garantir la qualité de sa démarche RSE par une certification ou un label. Ces signes de qualité reposent sur une évaluation des pratiques de l’entreprise dans divers domaines ESG.
Les principaux labels et certifications RSE
En France, il existe de nombreux labels et certifications RSE. Voici quatre des plus répandus :
- ISO 26000 : Il s’agit d’une norme internationale qui offre un référentiel aux entreprises sur les principes et pratiques de la responsabilité sociétale. Celui-ci reprend et détaille les quatre piliers précédents concernant les critères RSE.
- B Corp : Les entreprises certifiées B Corp (Benefit Corporation) répondent à des critères exigeants en matière de RSE. L’entreprise remplit un questionnaire en fournissant les preuves de ses engagements. Sur 200 critères, elle doit en atteindre un minimum de 80. Le label est renouvelé tous les trois ans.
- EcoVadis : Il s’agit d’une notation sur chacun des grands critères de RSE, sur la base de preuves fournies par l’entreprise. Tout se fait sur la base d’un questionnaire en ligne.
- Label Lucie : Le label Lucie est basé sur la norme ISO 26000. L’entreprise s’autoévalue sur 7 engagements du référentiel du label. Un partenaire externe de Lucie opère ensuite une évaluation. L’entreprise élabore ensuite un plan de progrès, dont l’avancement sera évalué après 18 mois.
Chacun de ces labels met en avant l’engagement de l’entreprise dans une démarche de développement durable et responsable. Obtenir ces labels nécessite une évaluation approfondie des pratiques de l’entreprise et souvent, la mise en œuvre de politiques et de mesures améliorées pour répondre aux critères exigeants. Cela permet à l’entreprise de valoriser son image de marque en garantissant que son engagement en matière de RSE est sincère et bien réel.
40 exemples d’indicateurs RSE
Il existe des centaines d’indicateurs RSE, dont certains dépendent de la nature des activités de la société, de son implantation, de sa taille, etc. Nous en présentons une dizaine par grande catégorie de critères, soit 40 au total, qui représentent les bases d’une politique RSE ambitieuse.
1. Les indicateurs environnementaux
Émissions de CO2 : mesure de la quantité de dioxyde de carbone émise par les activités de l’entreprise.
Consommation d’eau : volume d’eau utilisé dans les processus opérationnels.
Efficacité énergétique : mesures visant à réduire la consommation d’énergie pour une même unité de production.
Empreinte carbone : mesure globale des émissions de gaz à effet de serre produites, directement et indirectement, par les activités de l’entreprise.
Gestion des déchets : Pourcentage de déchets recyclés, réutilisés ou éliminés de manière responsable.
Énergies renouvelables : part de l’énergie consommée provenant de sources renouvelables.
Biodiversité : efforts pour protéger et restaurer la biodiversité sur les sites d’exploitation. Il s’agit ici d’une évaluation non quantitative, mais plus d’un catalogue de mesures mises en place.
Réduction des polluants : taux de réduction des émissions de substances nocives dans l’air, l’eau, et le sol sur une période donnée (par rapport à la dernière mesure/à l’audit initial…).
Gestion durable des ressources : existe-t-il des pratiques d’approvisionnement visant à minimiser l’impact sur l’environnement naturel, lesquelles et pour quel impact ?
- Risques environnementaux : évaluation et politique de gestion des risques environnementaux liés aux activités de l’entreprise.
2. Les indicateurs sociaux
- Satisfaction des employés : résultats d’enquêtes de satisfaction menées auprès des collaborateurs sur leur bien-être au travail et leur satisfaction dans leur activité professionnelle.
- Formation et carrière : investissement de l’entreprise dans la formation et le parcours professionnel des salariés.
- Mesure de la mobilité interne : l’entreprise favorise-t-elle la carrière de ses collaborateurs en interne ?
- Diversité et inclusion : mesure de la diversité dans le personnel, incluant genre, origine ethnique, handicap…
- Sécurité et santé au travail : taux d’accidents de travail et maladies professionnelles.
- Équité salariale : mesure de l’équité entre les salaires des hommes et des femmes pour un travail équivalent.
- Dialogue social : Existence de canaux de communication fluides entre la direction et les représentants des salariés.
- Emploi local : Pourcentage d’employés recrutés localement.
- Conditions de travail des fournisseurs : Évaluation des pratiques sociales chez les principaux fournisseurs. Cela est particulièrement sensible lorsque l’entreprise travaille avec des fournisseurs de pays en développement, dans lesquels les conditions de travail peuvent être très dégradées.
- Parité dans les postes de direction : Pourcentage de femmes dans les postes de direction et de gouvernance
3. Les indicateurs de gouvernance
- Transparence financière : publication régulière d’informations financières détaillées et précises.
- Éthique des affaires : existence d’un code de conduite et formation des employés à l’éthique.
- Prévention de la corruption : mesures mises en place pour prévenir la corruption et le blanchiment d’argent.
- Protection des données personnelles : politiques et pratiques pour la protection des données des clients et des employés.
- Gouvernance d’entreprise : structure et pratiques de gouvernance, y compris les comités d’audit et de rémunération.
- Participation des actionnaires : mécanismes permettant aux actionnaires de participer aux décisions importantes.
- Gestion des risques : processus d’identification, d’évaluation, et de gestion des risques stratégiques.
- Rémunération des dirigeants : politique de rémunération des dirigeants alignée avec les performances à long terme
- Responsabilité du produit : mesures pour assurer la sécurité, la qualité, et l’intégrité des produits ou services.
- Propriété intellectuelle : protection et gestion éthique de la propriété intellectuelle
4. Les indicateurs économiques
- Croissance du chiffre d’affaires : évolution du chiffre d’affaires sur une période donnée.
- Rentabilité : mesure de la capacité de l’entreprise à générer des profits à partir de ses activités.
- Investissements dans l’innovation : budget alloué à la recherche et au développement.
- Contribution économique locale : impact économique direct de l’entreprise sur les communautés locales.
- Stabilité financière : indicateurs financiers reflétant la santé et la stabilité de l’entreprise.
- Efficience opérationnelle : ratio coût/efficacité des opérations.
- Développement durable des fournisseurs : évaluation et sélection des fournisseurs basées sur leurs pratiques durables.
- Achats responsables : part des achats effectués auprès de fournisseurs éthiques et durables.
- Résilience face au changement climatique : Capacité de l’entreprise à s’adapter et à répondre aux défis climatiques.
- Innovation durable : Développement de produits ou services qui contribuent positivement à la société et à l’environnement
Chacun de ces indicateurs RSE fournit une mesure concrète de la performance d’une entreprise dans le domaine de la responsabilité sociétale. En suivant ces indicateurs, les entreprises peuvent non seulement surveiller et améliorer leurs impacts sociaux, environnementaux, et économiques, mais aussi renforcer leur engagement envers le développement durable. Les indicateurs RSE sont des outils essentiels pour les entreprises responsables qui souhaitent opérer de manière éthique, transparente, et engagée en faveur d’un avenir durable, sans délaisser les objectifs de rentabilité et de croissance.
Comment communiquer les résultats des indicateurs RSE ?
La communication des résultats des indicateurs RSE fait partie de la stratégie de l’entreprise. D’une part, un certain nombre de PME et de grandes entreprises sont tenues de publier annuellement ces données. De plus, toute structure développant une politique RSE un peu ambitieuse peut tirer avantage à partager ces données : les engagements RSE sont en effet de plus en plus valorisés, que ce soit par les clients, les salariés ou les éventuels investisseurs.
Le rapport RSE ou déclaration de performance extrafinancière
Il s’agit d’un document périodique, généralement annuel, publié par l’entreprise pour rendre compte de ses actions RSE. Appelé depuis 2017 « déclaration de performance extrafinancière », c’est un rapport obligatoire pour les entreprises de plus de 500 salariés, celles dont le chiffre d’affaires dépasse 100 millions d’euros annuels ainsi que celles qui sont cotées en Bourse.
On doit y trouver les résultats des indicateurs RSE mis en place, leur évolution par rapport aux années précédentes, ainsi que les engagements pour l’avenir en la matière. L’utilisation de graphiques, de tableaux et de cas concrets peut enrichir la présentation et faciliter la compréhension des données. Il peut ainsi devenir un véritable outil participant à la stratégie de communication de l’entreprise.
Les plateformes numériques
Les plateformes numériques, incluant les sites web de l’entreprise et les réseaux sociaux, offrent un moyen dynamique et interactif de communiquer les résultats des indicateurs RSE. Elles permettent de partager régulièrement des mises à jour, de mettre l’accent sur certaines initiatives RSE, de faire du « storytelling » à propos de nouvelles initiatives… autant de manières de rendre les données plus attractives. Ces canaux favorisent l’engagement direct avec les parties prenantes et offrent l’opportunité de recevoir des retours en temps réel. La création de contenu multimédia, comme des vidéos ou des infographies, peut également aider à rendre l’information plus accessible et engageante.