Plan de mobilité Employeur: Définition et mise en place

Les entreprises sont de plus en plus amenées à devenir des acteurs du changement. Elles le sont non seulement dans leur activité commerciale, dans leurs politiques de recrutement et les conditions de travail qu’elles offrent à leurs employés. Mais avant même que ces derniers n’arrivent au bureau, les organisations se questionnent aujourd’hui sur leur participation à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. 

Le plan de mobilité employeur offre en effet un cadre aux entreprises pour instaurer de nouveaux modes de transports, moins polluants et plus respectueux de la planète. Plus qu’une démarche verte, c’est une obligation pour certaines entreprises. 

Qu’en est-il de la vôtre et comment faire un plan de mobilité en entreprise ? Nous répondons à toutes les questions que vous pouvez vous poser dans cet article et nous vous partageons des idées et conseils concrets pour l’intégrer à votre démarche RSE

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Plan de mobilité : De quoi parle-t-on ?

Le plan de mobilité employeur (ou PDME) est une démarche qui vise à rationaliser les déplacements générés par l’activité de votre entreprise. Il peut s’agir des trajets qu’effectuent vos employés entre leur domicile et leur lieu de travail, mais pas seulement. Le PDME englobe également les déplacements professionnels (à l’occasion d’une conférence, par exemple), les visites ou encore les livraisons. 

 

L’objectif de ce plan est de réduire les émissions de gaz à effet de serre générées par votre organisation. Mais cette démarche n’est pas uniquement vertueuse sur le plan environnemental. Elle peut aussi augmenter l’efficacité de vos déplacements, faire gagner du temps, de l’espace mental et de l’argent à vos collaborateurs… Bref, c’est une brique essentielle à l’amélioration de leurs conditions de travail et à un plus grand équilibre entre vie pro et personnelle. 

 

Concrètement, le plan de mobilité employeur prendra la forme d’un document composé de 2 parties : 

 

  • Le diagnostic des mobilités générées par votre organisation : 
  • Un plan d’action pour rendre ces mobilités plus vertes sur le long terme. 

 

On peut aussi distinguer différents types de plans de mobilité, en fonction des spécificités de l’entreprise. 

 

  • Le plan mono-site ou multi-sites (en fonction de la nature de votre organisation et du fait qu’elle dispose d’une ou plusieurs succursales) ;
  • Le plan de Mobilité commun, destiné aux entreprises industrielles ou aux parc d’activités, au sein desquels les employé sont amenés à se déplacer de manière très fréquente ;

Mais aussi le Plan de déplacement urbain ou rural. Les questions de mobilité ne seront pas les mêmes en fonction de l’environnement dans lequel est implantée votre entreprise. Les grandes agglomérations proposent par exemple une plus grande offre de transports en commun.

Définition du plan de mobilité Employeur

Vous connaissez peut-être le plan de mobilité employeur sous un autre nom. En effet, ce dispositif est apparu en 1982. On parlait alors de Plan de Déplacement Entreprise (ou PDE). Le PDE était encouragé, avant de devenir obligatoire par la suite en fonction de la taille du site de l’organisation). 

 

C’est avec la loi sur la transition énergétique pour la croissance verte (LTECV), passée en 2015, qu’il a fait peau neuve pour devenir le PDM (Plan de Mobilité), puis le PDME en 2019 avec la loi d’Orientation des Mobilités. Le thème de la mobilité s’est de plus imposé dans le cadre des NAO (Négociations Annuelles Obligatoires), devenant une problématique centrale pour les entreprises. 

Quelles obligations ?

Vous vous demandez qui est concerné par le plan de mobilité ? Depuis l’entrée en vigueur de la Loi d’Orientation des Mobilités le 1er janvier 2020, les entreprises de plus de 50 salariés sont ainsi tenues d’intégrer à à leurs NAO (négociations annuelles obligatoires) l’enjeu de “l’amélioration des mobilités quotidiennes des personnels”. 

 

Si aucun accord n’est trouvé dans le cadre de ces négociations, l’entreprise sera obligée de réaliser un Plan de Mobilité. A ce jour, cette obligation n’est pas assortie de sanctions financières en cas de non-respect. Néanmoins, les entreprises qui ne réalisent pas un PDME ne pourront pas bénéficier du soutien (à la fois technique et financier) de l’ADEME. 

 

Votre organisation peut en effet obtenir des aides à la mise en place de son  PDME auprès de l’ADEME, du conseil en mobilité de sa collectivité locale ou encore de la  chambre de commerce et d’industrie (CCI). Ces organismes vous apporteront un accompagnement technique et des conseils dans l’élaboration et la mise en œuvre de votre Plan de Mobilité.

 

En ce qui concerne les aides financières, elles varient en fonction de votre emplacement et des actions que vous mettez en œuvre au sein de votre entreprise. Par exemple, la région Île-de-France peut subventionner la réalisation de votre PDME jusqu’à couvrir 50 % des frais engagés ou des dépenses. Dans le cadre du Tremplin pour la transition écologique, votre entreprise peut aussi recevoir une aide financière de l’ADEME pour élaborer son PDM, à condition qu’elle emploie plus de 100 personnes. 

 

‍Une fois établi, le Plan de Mobilité Employeur devra être transmis à l’Autorité Organisatrice de la Mobilité (AOM) compétente sur le territoire de l’organisation. Pour trouver celle de votre entreprise, rendez-vous ici

Pourquoi mettre en place un plan de mobilité Employeur ?

La mise en œuvre d’un plan de mobilité employeur bénéficie non seulement à votre organisation, mais aussi à ses employés. C’est un excellent moyen de renforcer votre image de marque auprès de vos clients, mais aussi votre marque employeur. Votre PDME peut ainsi être mis en avant sur votre page carrière afin d’attirer les meilleurs talents, puis les fidéliser au sein de vos équipes. 

En effet, un engagement fort en faveur de l’environnement, mais aussi pour une meilleure mobilité de vos employés, peut constituer un avantage concurrentiel non négligeable au moment du recrutement. Selon une récente enquête, 51 % des talents déclarent ne pas vouloir travailler pour des entreprises qui ne sont pas engagées sur le plan environnemental et social. 

Parmi les autres avantages du PDME, on peut également mentionner : 

  • une plus grande ponctualité de vos salariés, 
  • une réduction des coûts liés aux accidents du travail et aux arrêts maladies
  • un plus fort engagement des employés en raison de meilleures conditions de travail et d’une prise en charge active de leur bien-être. 

Pour vos employés, la mise en place d’un plan de mobilité présente là encore de nombreux avantages, le premier étant de réduire les dépenses liées à leur trajet domicile/bureau. En limitant les déplacements ou en les simplifiant, vous leur permettez de gagner en temps et en sérénité (adieu le stress lié aux bouchons, par exemple). 

Les entreprises qui valorisent les mobilités douces (comme le vélo ou la marche, par exemple) encouragent également leurs collaborateurs à être plus actifs. Ce qui se ressentira naturellement sur leur santé physique et morale.

15 mesures du plan de mobilité

Tout l’enjeu du plan de mobilité employeur est donc de réduire et/ou optimiser les déplacements de vos salariés. Pour cela, les actions que vous allez mettre en place doivent cibler 3 objectifs principaux : 

 

  • Réduire l’auto-solisme (soit le fait de prendre la voiture seul). L’entreprise pourra ainsi proposer des modes de transports plus verts et des alternatives collectives à la voiture (covoiturage, autopartage, transports en commun, etc.)
  • Limiter la fréquence des déplacements ; 
  • Réduire la distance à parcourir entre son domicile et son travail.


Pour aller plus loin et faciliter la mise en œuvre de votre propre Plan de mobilité employeur, nous vous partageons ici des idées de mesures pour chaque objectif.

Réduire l’auto-solisme

Pour limiter autant que possible les trajets réalisés en voiture, et plus particulièrement seul.e, votre entreprise peut par exemple : 

  • Mettre à disposition de ses employés une flotte de voitures électriques. Pour réduire vos coûts, vous pouvez même la mutualiser avec une entreprise voisine ; 
  • Proposer des places de stationnement réservées aux covoitureurs ; 
  • Mettre à disposition des douches ainsi que des vestiaires pour les usagers de mobilités douces (comme le vélo, par exemple) ; 
  • Organiser des Journées “Mobilité Durable” et des challenges autour de la mobilité douce pour motiver vos employés à changer leurs habitudes et les sensibiliser à l’impact de leurs déplacements sur l’environnement ;
  • Distribuer des kits pour les employés qui viennent à vélo (des vêtements pour la pluie, des gilets réfléchissants, etc) ;
  • Encourager l’usage des transports publics en distribuant des tickets gratuits ou en subventionnant les abonnements (au-delà des 50% réglementaires) ; 
  • Adapter les horaires de bureaux à la fréquence des transports publics‍ ; 
  • Créer une navette d’entreprise pour les destinations très fréquentées ;
  • Améliorer l’accès des bâtiments aux piétons ; 
  • Garantir le retour à domicile en cas de circonstances exceptionnelles (évènements d’entreprise, formation, etc.) via des chèques-taxi ou la mise à disposition de voitures vertes de service, etc. 
  • Mettre  en place un service d’autopartage (comme une plateforme interne de mise en relation des covoitureurs) et proposer des avantages à ses utilisateurs. 

Limiter la fréquence des déplacements

Pour prendre le problème à la racine, vous pouvez aussi vous assurer de limiter les déplacements de vos employés (afin qu’ils aient le moins possible à se rendre au bureau). Dans le cadre de votre Plan de Mobilité Employeur, vous pouvez ainsi mettre en place les mesures suivantes : 

 

  • Autoriser des jours de télétravail par semaine en entreprise ;
  • Instaurer en semaine de 4 jours : 
  • Autoriser vos employés à travailler depuis un coworking proche de leur logement (et subventionner leur abonnement). 

Réduire la distance à parcourir entre son domicile et son travail

Pour ce dernier axe de votre PDME (qui s’applique uniquement aux entreprises multi-sites), vous pouvez mettre en place une politique RH compréhensive qui facilitera la mobilité interne et les échanges de poste sur différents territoires de recrutement. Cela permettra de rapprocher vos employés de leur lieu de travail

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Les étapes de mise en place d'un plan de mobilité employeur

Passons maintenant à la pratique. La mise en œuvre d’un plan de mobilité l’employeur ne s’improvise pas. En effet, les mesures que vous allez appliquer doivent correspondre aux objectifs identifiés par votre organisation, mais aussi aux besoins et aux attentes de vos employés et aux spécificités du territoire sur lequel vous êtes implanté. 

Pour vous aider dans cette démarche, voici les 5 étapes que nous vous invitons à suivre : 

1. Préparer la mise en oeuvre de votre PDME

Avant de vous lancer dans cette démarche, n’hésitez pas à vous faire aider de l’ADEME ainsi que de votre CCI. Ces organismes pourront vous accompagner dans votre démarche, et vous proposer des exemples d’autres entreprises afin d’inspirer votre propre plan de mobilité. 

 

A cette étape, vous pourrez : 

 

  • Définir les problématiques de mobilité que rencontrent vos employés ainsi que vos objectifs ;
  • Identifier le périmètre de votre plan ainsi que les autres démarches existantes auxquelles il pourra se rattacher (comme votre politique RSE, par exemple) ; 
  • Définir un calendrier et un budget. 

2. Réaliser un diagnostic

Vient ensuite l’étape du diagnostic, qui va consister à récolter un maximum d’informations sur la mobilité de vos employés. Vous pouvez par exemple analyser : 

 

  • L’accessibilité de l’entreprise (en voiture, mais surtout en transport en commun, à vélo et à pied) ; 
  • Les accidents liés au déplacement de vos collaborateurs ;
  • Le quota de retards ; 
  • Les difficultés qui peuvent compliquer la mobilité de vos employés. 

 

Vous pourrez également identifier les différentes façons dont vous pouvez améliorer la mobilité de vos équipes (via le covoiturage ou l’aménagement du temps de travail de vos salariés, par exemple). 

3. Établir un plan d’action

Vous allez ensuite pouvoir choisir les mesures à mettre en œuvre dans le cadre de votre Plan de Mobilité Employeur. Chaque action sera détaillée dans un document que vous devrez ensuite faire parvenir à l’Autorité Organisatrice de la Mobilité (AOM). En plus de préciser les mesures concrètes que votre entreprise compte prendre, profitez de votre plan d’action pour estimer les coûts à engager ainsi que les résultats attendus (amélioration de la QVT, réduction des GES, etc.)

4. Appliquer le plan de mobilité

Une équipe doit être dédiée à la mise en œuvre du PDME et s’assurer que le calendrier établi est bien respecté. Elle sera aussi chargée de mettre en place des actions de sensibilisation et de communication RSE en interne pour engager les salariés et booster l’adoption de votre plan de mobilité. N’hésitez pas à organiser des challenges autour des nouvelles mobilités, par exemple. 

5. Évaluer l’impact de son PDME

La dernière étape consiste à suivre l’application et les retombées de votre plan de mobilité employeur. N’hésitez pas à mener des enquêtes de satisfaction, à faire un bilan des indicateurs liés aux actions mises en œuvre (taux de covoiturage, nombre de kilomètres parcourus, nombre et durée des retards). Ces KPI vous permettront non seulement de communiquer à vos employés autour de l’impact environnemental de votre entreprise. Mais aussi d’améliorer ce qui doit l’être dans votre PDME. 




Le Plan de Mobilité Employeur est une obligation souvent méconnue des entreprises, mais qui est pourtant centrale dans leur transition écologique. Profitez de cette démarche pour améliorer les conditions de travail de vos employés et booster votre marque employeur.