Prévenir le harcèlement au travail: idées d'action

Le harcèlement au travail est passé d’un sujet dont on parlait relativement peu à un véritable sujet de société. En plus d’être reconnu juridiquement depuis 2010, c’est un thème abordé régulièrement dans les médias, mais aussi sur les réseaux sociaux (à travers des comptes comme Balance ton Agency ou Balance Ta Startup, notamment). 

Mais cela veut-il pour autant dire que le harcèlement en entreprise est omniprésent ? Ou plutôt que les employés comme les managers ne savent pas toujours comment prévenir le harcèlement au travail de façon efficace ?

Dans cet article, nous vous partageons des pistes pour créer une culture de prévention des risques de harcèlement efficace et l’intégrer à votre politique RH. Vous découvrirez des leviers pour protéger vos collaborateurs, mais aussi pour réagir plus efficacement en cas de harcèlement, qu’il soit physique ou moral. 

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Harcèlement au travail : De quoi parle-t-on ?

Le harcèlement au travail se traduit par des agissements répétés qui ont pour but ou pour effet de dégrader les conditions de travail d’un salarié. Il s’agit donc d’un comportement indésirable, offensant et qui fait que la personne visée se sente intimidée ou humiliée. Ces comportements visent ou parviennent souvent à porter atteinte à la dignité du collaborateur et à développer un environnement professionnel hostile. 

 

Une action est généralement considérée comme du harcèlement si elle est cohérente et persiste dans le temps. Par exemple : faire constamment pression ou intimider une autre personne. Ces comportements, pris individuellement, peuvent paraître inoffensifs, mais c’est leur répétition qui génère le harcèlement.

 

Toutefois, des incidents ponctuels pourraient également être considérés comme du harcèlement s’ils s’avèrent graves et ont un impact significatif sur le bien-être de la victime. 


Il existe plusieurs façons différentes de harceler une personne sur son lieu de travail, et notamment.

1. La discrimination

Les pratiques discriminatoires peuvent inclure le fait d’exclure socialement un employé, lui refuser des promotions ou des avantages professionnels. Cela peut aussi se traduire par un traitement inégal en raison de caractéristiques individuelles immuables comme le sexe, la race, l’âge ou encore les croyances religieuses. 

2. Le harcèlement sexuel

Le harcèlement sexuel se traduit par des avances et des comportements sexuels non désirés envers un subordonné ou un collègue. Il s’agit d’une violation grave du code du travail qui peut prendre différentes formes. Les formes de harcèlement sexuel les plus courantes sont la violence physique, les attouchements, les commentaires sur l’apparence, les gestes à caractère sexuel et les courriels/SMS de harcèlement.

3. La violence physique ou verbale sur le lieu de travail

Toute menace ou acte d’agression physique sur le lieu de travail peut être considéré comme une forme de harcèlement lorsqu’ils sont répétés. Cela peut inclure le fait de faire trébucher ou de pousser un salarié, de cracher, de lui subtiliser ou de casser ses fournitures de bureau et même de s’en prendre physiquement à un collègue. Il peut également s’agir de violence verbale consistant à utiliser un langage insultant ou de proférer des menaces à l’encontre d’un collègue. 

4. Les abus de pouvoir

L’abus de pouvoir est un abus d’autorité de la part d’un dirigeant ou manager de l’entreprise. Cela peut consister à confier une charge excessive de travail, des tâches dégradantes, ou de profiter de sa place dans la hiérarchie pour obtenir des faveurs (par le biais de l’intimidation ou via des menaces). 

5. Le harcèlement en ligne (ou cyberintimidation)

La cyberintimidation peut prendre la forme de remarques critiques ou discriminatoires et en une humiliation publique en ligne. L’utilisation des réseaux sociaux ou des courriels pour partager des rumeurs ou des informations embarrassantes/inappropriées sur un collègue ou un subordonné est également considérée comme du cyberharcèlement. 

6. Les représailles

Les représailles consistent à maltraiter un employé ou à chercher à se venger de lui, notamment après qu’il ait déposé une plainte pour harcèlement au travail (ou ait signalé avoir été victime de harcèlement auprès de son employeur). En représailles, la victime peut être encore plus isolée du reste des équipes, ou subir des intimidations afin qu’elle retire sa plainte. 

Le harcèlement au travail en France

Chaque année, Qualisocial s’associe à Ipsos afin de publier un baromètre du harcèlement au travail en France, offrant des statistiques fiables sur les réalités de ce phénomène dans les entreprises françaises. 

 

En 2024, le harcèlement est ainsi considéré comme un problème très répandu. Près de 3 salariés sur 4 considèrent que les situations de harcèlement au travail sont répandues. 62 % considèrent même qu’elles le sont de plus en plus. 

 

Pourtant, la majorité des salariés français avoue ne pas bien connaître la législation en la matière, ce qui se traduit par des difficultés à identifier avec précision les situations de harcèlement au travail (pour 73 % des personnes interrogées). 

 

Plus inquiétant encore, plus d’un salarié sur trois déclare avoir déjà été victime de harcèlement au travail (15% à plusieurs reprises). Certaines catégories d’employés sont particulièrement à risque, en particulier : 

 

  • les jeunes (43 % des moins de 35 ans), 
  • les salariés de PME (38 % des salariés d’entreprises de moins de 20 employés) ; 
  • et les femmes (38 % contre 31 % pour les hommes). 

Harcèlement au travail: Que dit la loi ?

Avant de s’intéresser aux leviers efficaces de prévention du harcèlement au travail, il est important de savoir ce qu’en dit la loi. 

 

Dans le code du travail, on distingue : 

 

  • Le harcèlement moral, qui se caractérise par des agissements répétés (insultes, critiques, menaces, intimidation, chantage, isolement). Il s’agit d’un délit puni d’une peine qui peut aller jusqu’à 2 ans d’emprisonnement et 30 000€ d’amende. L’auteur peut également verser des dommages et intérêts à la victime pour le préjudice subi. 
  • Le harcèlement sexuel se traduit par des comportements répétés à connotation sexuelle ou sexiste (change sexuel, remarque sexiste, message à caractère pornographique). Là encore, il s’agit d’un délit punissable d’une peine de 2 ans d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende. En cas de circonstance aggravante (si la victime est son subordonné), la peine est portée à 3 ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende.

La loi définit également le rôle de l’entreprise en matière de prévention du harcèlement au travail. Cette dernière a une double responsabilité. Elle doit à la fois prévenir et faire cesser les agissements de harcèlement. Le législateur peut aussi sanctionner l’organisation si elle n’a pas mis en place des mesures préventives suffisamment efficaces. 

10 signes de harcèlement au travail

Comment prévenir le harcèlement au travail ? En commençant par être plus attentif aux signes qui peuvent indiquer que l’un de vos employés ou collègues en est victime. 

Soyez d’abord attentif à l’environnement de travail au sein de l’entreprise. Parmi les signes qui peuvent indiquer que les conditions de travail se sont dégradées et présentent des risques de harcèlement, on peut mentionner : 

  • Des regards méprisants ;
  • Les blagues récurrentes ou remarques blessantes (au détriment des mêmes collaborateurs) ; 
  • Des gestes déplacés ; 
  • Les critiques quotidiennes, excessives et infondées ; 
  • La mise à l’écart injustifiée d’un employé ;
  • Des demandes irréalistes, vouées à l’échec ;
  • La circulation de rumeurs. 

Cet environnement délétère et le harcèlement d’un collaborateur auront des effets négatifs à la fois sur sa santé physique et mentale. Un employé victime de harcèlement peut ainsi manifester plusieurs signes (qui varient naturellement d’une personne à l’autre)  : 

  • De l’angoisse/stress au travail (notamment suite à une réunion ou un appel avec un collègue en particulier)
  • Un changement soudain de comportement (isolement, silence, absentéisme, désengagement) ; 
  • Une dégradation de sa santé physique (douleurs chroniques, maux de dos, de ventre, perte d’appétit) ;
  • Une baisse de la concentration et une chute des performances ;
  • Un comportement agressif (souvent comme mécanisme de défense) ;
  • Une baisse de la motivation et l’incapacité de se projeter dans l’avenir ;
  • Une faible estime de soi, une perte de confiance en ses capacités ou une culpabilisation très forte à la moindre erreur. 
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5 idées pour prévenir le harcèlement au travail

La meilleure arme contre le harcèlement au travail, c’est la prévention. En effet, votre entreprise se doit de protéger ses employés en créant une culture interne saine, dans laquelle ces comportements malveillants sont découragés et réprimés. 

 

Voici 5 mesures efficaces pour prévenir le harcèlement au travail au sein de vos équipes : 

1. Définir vos attentes

La première chose à faire pour prévenir le harcèlement en entreprise est de partager une charte dans laquelle vous définissez clairement les comportements proscrits et les sanctions réservées aux harceleurs. Comme on l’a vu un peu plus haut, l’une des premières failles en matière de prévention du harcèlement au travail est la difficulté à identifier les situations à risque. 

 

En ciblant précisément les comportements préjudiciables qui ne sont pas autorisés au sein de votre organisation, vous donnez à chacun de vos employés des ressources concrètes pour agir en cas de besoin. C’est aussi un bon moyen pour protéger les potentielles victimes, en leur montrant que vous êtes de leur côté et que ce qu’elles subissent n’est pas normal ou acceptable. 

2. Cultiver une culture d’entreprise saine pour prévenir le harcèlement au travail

Le respect des autres doit faire partie des valeurs centrales de votre entreprise. Cela passe par le fait que les managers et dirigeants donnent le bon exemple, notamment via un leadership bienveillant et horizontal. Mais vous pouvez aussi réaffirmer votre volonté à prévenir le harcèlement au travail en proposant des ateliers de sensibilisation et des activités de team building pour renforcer les liens entre vos collaborateurs. 

3. Former ses managers sur la prévention du harcèlement au travail

Il est important que vos managers soient formés pour mieux prévenir le harcèlement au travail. Cela passe par une remise à niveau régulière sur les signes à surveiller et les mesures concrètes à mettre en œuvre pour protéger leurs collaborateurs. Prévoyez également des outils concrets pour les aider dans leur mission : procédure de médiation en cas de harcèlement avéré, boite à outil pour réagir plus efficacement lorsque l’on est victime ou témoin, système de remontée anonyme des plaintes ou dénonciation, etc. 

4. Traiter les plaintes de manière équitable et respectueuse

Si les employés victimes de harcèlement ne se sentent pas écoutés et considérés, ils n’iront pas trouver leur employeur pour mettre un terme à ces pratiques. Il est donc important que vos ressources humaines traitent chaque plainte de manière respectueuse, mais aussi équitable pour les deux parties. La personne accusée de harcèlement doit bénéficier de la présomption d’innocence et des procédures strictes pour valider la véracité des faits doivent être mises en place. 


La résolution du conflit entre harceleur et harcelé doit aussi se faire de façon rapide et équitable. Des sanctions doivent être prises en interne et auprès de la justice.

5. Accepter ses torts en cas d’accusations publiques

Même si les étapes précédentes peuvent contribuer à prévenir de futurs incidents de harcèlement sur le lieu de travail, les réseaux sociaux ont permis aux victimes de se faire entendre auprès d’une audience plus large.

Les incidents révélés en ligne (que ce soit auprès des médias sociaux ou traditionnels) peuvent sérieusement nuire à l’image de votre entreprise. Néanmoins, plutôt que de faire l’autruche ou de nier les faits, il est important de prendre vos responsabilités. Une prise de parole publique sera bien plus efficace qu’un silence radio. 

Le simple fait d’annoncer prendre les allégations de harcèlement au travail au sérieux et de mettre en place une enquête partiale en interne donnera le signal que vous protégez efficacement vos employés et faites au mieux pour créer une culture interne épanouissante. Cette gestion de crise vous permettra de préserver autant que possible votre marque employeur aussi bien que le bien-être de vos collaborateurs. 

Comment réagir face au harcèlement au travail ?

Vous vous demandez comment dénoncer le harcèlement au travail ? Que vous soyez victime ou témoin de harcèlement au travail, voici la marche à suivre pour vous protéger ou protéger votre collègue

 

  1. Rassembler les preuves laissant supposer l’existence de pratiques de harcèlement physique ou morale au travail ; 
  2. Alerter l’employeur (à condition bien sûr qu’il ne s’agisse pas du harceleur). Il est recommandé de lui envoyer une lettre recommandée avec accusé de réception (pour garder une trace écrite et un élément de preuve supplémentaire) ;
  3. Alerter le CSE. L’employeur devra alors procéder à une enquête avec un membre du CSE et prendre les dispositions nécessaires pour remédier à cette situation.
  4. Alerter l’inspection du travail et la médecine du travail. La première pourra transmettre le dossier à la justice et la seconde prendra les mesures nécessaires pour protéger la santé de la victime. 
  5. Engager une procédure de médiation avec l’auteur des faits (pour faire cesser le harcèlement au travail et trouver un accord). 

Dans les cas les plus graves, la victime pourra saisir le Conseil des prud’hommes à l’encontre de son employeur (si elle estime qu’elle n’a pas pris les mesures nécessaires pour la protéger). Vous pouvez aussi déposer plainte à l’encontre du salarié fautif (afin qu’il fasse l’objet d’une sanction pénale). 

Prévenir le harcèlement au travail est absolument indispensable pour protéger le bien-être de ses employés et assurer une culture d’entreprise saine et épanouissante. Prenez donc le temps de sensibiliser vos équipes et de former vos managers afin de protéger aussi efficacement que possible les potentielles victimes et éviter que le harcèlement qu’elles subissent n’impacte leur santé mentale comme physique.