Démarche de prévention des RPS : Le guide complet

En France, près de la moitié (44 %) des travailleurs déclarent présenter une détresse psychologique, un état qui recouvre à la fois des symptômes de dépression et d’épuisement. La même proportion de français se dit également épuisée au travail, soit une progression de 3 points depuis 2022. 

Les RPS, facteurs de risques psychosociaux au travail, concernent donc une part considérable des personnes actives en France, menaçant leur santé aussi bien mentale que physique. Provoqués par de mauvaises conditions de travail et d’organisation internes, ces risques sont donc aussi répandus qu’ils sont négligés par les entreprises. 

Et pourtant, la mise en place d’une démarche de prévention des RPS est cruciale pour améliorer son expérience collaborateur et renforcer la satisfaction ainsi que la productivité de ses employés. Elle peut s’inscrire au sein d’une démarche QVT plus globale. 

Voici nos conseils pratiques pour prévenir les risques psychosociaux au sein de votre entreprise afin d’en faire un environnement d’épanouissement et de dépassement de soi pour vos équipes. 

RPS : de quoi parle-t-on ?

La DGAFP du Ministère de la fonction publique définit le terme RPS comme  « un ensemble de phénomènes affectant principalement la santé mentale, mais aussi physique des travailleurs, qui peuvent se manifester sous diverses formes : stress au travail, sentiment de mal-être ou de souffrance au travail, incivilités, …”

Les facteurs de risque psychosociaux sont donc des situations qui peuvent mettre en danger la santé mentale et physique de vos salariés. Ils s’accompagnent d’une série de facteurs d’intensité variable, qui peuvent se cumuler dans les cas plus graves :

Parmi les principaux facteurs de RPS, on retrouve par exemple : 

  • Le stress lié à une charge de travail excessive ou aux exigences émotionnelles du poste ;
  • Des conditions de travail pénibles (micromanagement, manque d’autonomie et de marge de manoeuvre, incapacité de prendre des initiatives) ; 
  • L’insécurité de la situation de travail ; 
  • Des relations sociales avec ses collègues ou ses supérieurs dégradées (conflit de valeur, perte de sens, problèmes de communication); 
  • Mais aussi des situations toxiques et des pratiques répréhensibles de violence interne ou externe (comme le harcèlement au travail, les insultes ou les menaces). 

Les conséquences sur la santé des salariés, peuvent, selon l’intensité, la fréquence de répétition et la durée de ces incidents, être plus ou moins graves pour le bien-être de l’employé. Elles vont de la hausse de l’anxiété à la dépression, le burn-out ou même, dans le pire des cas, le suicide. 

Le stress au travail peut aussi avoir des effets plus pervers et difficiles à détecter chez les travailleurs, augmentant par exemple les risques de développer certaines maladies (notamment cardiovasculaires). 

La démarche de prévention des RPS en entreprise

Comme on l’a vu, les facteurs de RPS peuvent avoir des conséquences très graves sur la santé et le bien-être des travailleurs. Mais ils ont aussi des effets délétères sur les entreprises. 

Les dommages causés peuvent s’observer notamment sur ses performances financières. En effet, un collaborateur qui est stressé au travail ou même en situation de burn out travaillera moins efficacement. Il rencontrera des difficultés à se concentrer, à collaborer avec ses collègues, à faire preuve de créativité.

Les conséquences des facteurs de risque psychosociaux sont particulièrement coûteuses pour les organisations. Elles se traduisent par une hausse de l’absentéisme, une baisse de l’activité, ou même une hausse du turn over et des difficultés à recruter. 

Plus largement, le coût social du stress au travail est estimé en France entre 1,9 et 3 milliards d’euros par an.  En effet, l’absentéisme coûte à lui seul 108 milliards d’euros aux entreprises françaises chaque année. Sans compter les coûts indirects que nous venons d’évoquer (baisse de productivité, démotivation, besoin de remplacement, etc.)

En soit, une démarche de prévention des RPS est donc cruciale pour optimiser la satisfaction de ses employés et les performances de l’entreprise. Mais 4 circonstances particulières peuvent encourager cette dernière à se lancer dans ce processus : 

  • Lors d’un changement important de l’organisation du travail (par exemple si vous adoptez une organisation hybride qui laisse plus de place au travail à distance) 
  • Au moment de l’évaluation des risques professionnels dans les situations de travail existantes ; 
  • Suite à une alerte (qui peut émaner des personnes concernées, des managers ou collègues, des représentants du personnel ou du service de santé au travail). Cette alerte peut s’exprimer par des signes de mal-être ou d’absences répétées (suite à un conflit ou des disputes entre collègues) ou par une plainte (pour harcèlement, par exemple). 

Suite à une atteinte à la santé en lien avec le travail (comme par exemple un  accident du travail ou une maladie professionnelle). La principale différence avec le cas de l’alerte est qu’ici, la situation aura été déclarée aux autorités compétentes. Cela lui confère donc un statut et des modalités de prise en charge différentes.

Les étapes de mise en place d'une démarche RPS

Toute démarche pour prévenir les RPS doit suivre le même processus en 3 étapes que votre entreprise applique certainement déjà pour la gestion des risques physiques. 

A savoir : 

  • Identifier les dangers psychosociaux et les facteurs de risque sur le lieu de travail, puis évaluer la probabilité qu’ils se produisent et leur impact sur l’entreprise. 
  • Contrôler les risques : mettre en œuvre des changements concrets pour éliminer les dangers et les facteurs de risque, ou minimiser le risque de préjudice lorsque cela n’est pas possible ;
  • Surveiller et revoir des contrôles réguliers de sa démarche de prévention des RPS. L’entreprise devra vérifier régulièrement l’efficacité des contrôles et procéder aux ajustements nécessaires.

Bien que ces 3 étapes soient les mêmes pour toutes les entreprises, leur mise en œuvre concrète différera d’une organisation à l’autre. Rappelons également que la clé d’une démarche de prévention des RPS efficace réside dans l’implication de toutes les parties prenantes, à commencer par la direction. 

Il s’agit en effet d’une démarche participative, qui ne peut être menée à bien sans l’engagement de l’employeur (qui devra allouer les moyens nécessaires à l’analyse et à la prévention des risques). Mais elle ne peut pas non plus être envisagée sans la participation des salariés et de leurs représentants, qui sont les principaux concernés et dont la participation est un facteur de réussite essentiel. 

Maintenant que cela est dit, passons à la pratique. 

1. Comment identifier les RPS et les facteurs de risque dans son entreprise ?

Pour identifier les RPS et les facteurs de risque sur son lieu de travail, les entreprises doivent commencer par impliquer les parties prenantes concernées, notamment : 

  • La direction et le management ; 
  • Les travailleurs eux-mêmes ;
  • Les représentants du personnel en matière de sécurité et de santé au travail. 

Elles pourront ensuite recueillir et étudier les données tirées des rapports d’incidents, des plaintes ainsi que celles liées à l’absentéisme, au roulement du personnel, etc. Sans oublier les sources d’informations externes, notamment toutes les ressources disponibles en ligne sur la prévention des RPS, ainsi que le cadre législatif qui l’entoure. 

Si vous en ressentez le besoin, votre entreprise peut se faire aider à cette étape par un expert en matière de RPS. Il vous aidera notamment à recueillir les données pertinentes, à tirer des conclusions de l’observation de votre lieu de travail tout en maintenant la confidentialité et la confiance qui sont indispensables à la suite du processus. 

Dans un second temps, il est crucial de réétudier et mettre à jour régulièrement cette évaluation des RPS au sein de votre entreprise. Cela vous permettra notamment de prévenir l’apparition de nouveaux facteurs de risque (ou tout du moins d’y répondre le plus rapidement possible). Mais aussi de prendre en compte les interactions entre les différents dangers psychosociaux. En effet, leurs effets combinés sont particulièrement délétères pour la santé de vos employés comme celle de votre entreprise. 

2. Comment contrôler et gérer les risques psychosociaux au travail ?

Comme on l’a vu, les risques psychosociaux sur le lieu de travail peuvent avoir un impact négatif sur le bien-être des employés, entraînant une baisse de la productivité au sein de l’entreprise. Pour prévenir autant que possible ces risques, il est important de mettre en œuvre des interventions concrètes, pensées en fonction des besoins de vos équipes. 

On peut diviser ces mesures en 3 catégories : primaires, secondaires et tertiaires.

Les interventions de prévention des RPS primaires

Elles visent à prévenir les risques psychosociaux en créant un environnement de travail plus sain. Ces interventions peuvent notamment inclure l’optimisation des tâches et des processus de travail, de manière à éviter les risques de surcharge, faciliter le partage de feedback ou la prise d’initiative, etc. 

Concrètement, vous pouvez par exemple faciliter l’accès de vos employés à des ressources pour se former. Ils se sentiront ainsi plus à l’aise à leur poste et pourront facilement évoluer au sein de l’entreprise. 

Votre entreprise peut également réfléchir à des mesures pour promouvoir la collaboration et la communication au sein de ses équipes. Organiser des ateliers de team building ou des challenges solidaires (à l’occasion d’Octobre Rose par exemple) peut non seulement renforcer les liens entre vos collaborateurs, mais aussi enrichir leur quête de sens au travail.

Les interventions de prévention des RPS secondaires

Les interventions secondaires visent à identifier et à traiter les risques psychosociaux dès qu’ils se présentent et avant qu’ils ne s’aggravent.  Cela peut par exemple impliquer de mettre en place une surveillance régulière du bien-être de vos collaborateurs, en multipliant les entretiens 1:1 ainsi que la diffusion de questionnaires anonymes. 

Ces dispositifs complémentaires permettront de détecter de manière précoce tout nouveau risque. Puis de créer les ressources pertinentes pour minimiser son impact sur la santé mentale de vos équipes. 

Imaginons que l’entretien avec l’un de vos salariés fasse émerger un risque de bore out (soit la perte de sens dans son travail). En réponse à ce facteur de RPS, vous pourrez lui offrir immédiatement le soutien de votre service des ressources humaines. Ensemble, ils pourront redéfinir les contours de sa mission, en lui confiant de nouvelles tâches plus valorisantes et impactantes. De votre côté, vous pourrez mettre en place un suivi dans les prochaines semaines/moi afin de vous assurer que les mesures mises en place portent leurs fruits. 

Autre cas de figure : les résultats de votre questionnaire anonyme sur le bien-être au travail de vos employés révèlent que la majorité d’entre eux sont stressés au travail en raison du contexte économique incertain. Si vous ne pouvez pas agir sur ce dernier, il est possible d’en mitiger les effets délétères en organisant par exemple régulièrement des ateliers de méditation, de massage assis ou encore de sophrologie

Les interventions tertiaires

Les interventions tertiaires ont pour principal objectif de remédier aux conséquences des risques psychosociaux que vous n’avez pas pu éviter. Cela peut impliquer de fournir un soutien et des ressources sur mesure aux travailleurs qui ont subi des préjudices en raison de leur exposition aux risques psychosociaux. 

Il peut s’agir par exemple de faciliter le remplacement d’un employé en situation de burn out afin de lui donner le temps de recharger ses batteries. Mais aussi de prendre en charge ses soins médicaux et de lui offrir des solutions de reconversion s’il le souhaite. 

3. Comment surveiller l’efficacité de sa démarche RPS ?

Pour surveiller et évaluer l’efficacité de vos mesures pour prévenir les RPS, il est crucial de : 

  • Définir des KPI à suivre pour mesurer le bien-être de vos employés (comme le taux d’absence, le turn over, le taux de visite sur demande au médecin de prévention ou encore le nombre d’actes de violence physique envers le personnel, etc.) ;
  • Planifier des réunions régulières, impliquant la direction, le personnel et ses représentants. Elles permettront d’échanger sur l’efficacité de vos mesures de prévention des RPS ;
  • S’appuyer sur les résultats de ces études quantitatives et qualitatives pour déclencher des mesures correctives si nécessaire.