Mener à bien une démarche QVT en entreprise

Voici des mois que l’on vous parle de qualité de vie au travail. Vous vous demandez si cette notion peut s’appliquer dans votre entreprise. Au final, ne faites-vous pas tous les efforts pour que vos collaborateurs se sentent bien ? Nous vous expliquons ici en quoi il s’agit d’une démarche de fond, fixant des règles et des procédures, qui dépasse l’engagement sincère d’un dirigeant de société.

Une démarche QVT en entreprise, qu’est-ce que c’est ?

Avant d’aborder le contenu d’une telle démarche, interrogeons-nous sur ce qu’elle recouvre globalement.

Une notion qui touche à tous les secteurs d’une entreprise

La qualité de vie au travail concerne tout l’environnement de travail. La démarche QVT s’intéresse à l’ensemble des problématiques qui peuvent surgir sur le lieu ou pendant le temps de travail. Sans prétendre à l’exhaustivité, citons entre autres :

  • Les conditions de travail : la situation géographique de l’entreprise, l’accessibilité, le confort du bureau, de l’atelier, la qualité du matériel, la prévention de la pénibilité…
  • Les conditions d’évolution dans l’entreprise : contrats de travail, formation continue, évolution de carrière…
  • L’égalité professionnelle : questions de genre, d’origine, d’âge, d’orientation sexuelle…
  • Les liens vie personnelle — vie professionnelle : droit à la déconnexion, stress, interpénétration entre la sphère privée et le travail…
  • La gouvernance et la démocratie d’entreprise : possibilité d’expression des salariés, existence d’organes et de réunions d’échanges entre salariés et dirigeants…
  • Les questions de management : autonomie et responsabilités des salariés, mode d’exercice du management…
  • L’implication et le sens au travail : les salariés trouvent-ils un sens à ce qu’ils font, sont-ils valorisés pour leurs productions ?
  • La marque employeur : l’image véhiculée par l’entreprise auprès de ses salariés

La démarche QVT : une définition consensuelle

Souvent citée, la définition de l’accord national interprofessionnel (ANI) de 2013 en résume bien le principe : la démarche QVT est « la manière de regrouper sous un même intitulé les actions qui permettent de concilier l’amélioration des conditions de travail pour les salariés et la performance globale des entreprises ».

Elle consiste à aborder chacun des points précédemment listés, à en relever les défaillances, et à proposer puis mettre en place des règles, mesures, cadres afin de les éviter.

Cela ne peut se concevoir sans un travail participatif de l’ensemble du personnel : chaque règle doit être comprise et acceptée par chacun, à tous les niveaux de la hiérarchie.

La démarche QVT, à quoi ça sert ?

De nombreuses études mettent en avant le lien entre une qualité de vie au travail dégradée et l’absentéisme : burn-out, accidents, maladies à répétition se succèdent et détériorent le climat dans l’entreprise au risque d’en perturber la bonne marche. La restauration d’une ambiance de travail apaisée porte rapidement ses fruits.

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Les cinq enjeux d’une démarche qualité de vie au travail.

Travailler à améliorer le bien-être de tous les collaborateurs est un effort dont tous sortent gagnants : les salariés, parce qu’ils vont mieux, l’entreprise, car elle va bénéficier d’un regain de productivité.

Entrer dans une démarche QVT est un cercle vertueux qui rejaillit positivement sur tous les aspects de l’entreprise.

  • La santé du personnel : dans un établissement apaisé, où chacun a sa place, dans lequel les règles sont claires, justes et correctement suivies, on note une diminution des maladies, en particulier celles liées au stress.
  • La marque employeur voit son image progresser fortement ; la reconnaissance des efforts consentis par la direction confère à l’entreprise un statut très positif, qui rejaillit également auprès des clients et prospects.
  • La productivité s’améliore : baisse de l’absentéisme, engagement croissant des employés vis-à-vis de la société qui travaille à améliorer leur bien-être.
  • Le turn-over est limité. Les meilleurs talents vont rester plus longtemps, surtout à un moment où une majorité de travailleurs disent privilégier le bonheur dans leur métier au salaire.
  • Le respect de la législation. Risques psychosociaux, harcèlements, protection de la santé physique et mentale, de nombreuses lois tentent d’améliorer les conditions de travail. S’y conformer n’est pas toujours simple. L’aboutissement d’une démarche QVT permet d’apporter des réponses à l’ensemble de ces obligations.

Une démarche QVT réussie, c’est une entreprise augmentée

Le travail participatif de tous, la mise en œuvre de nombreuses modifications ne sont pas toujours faciles. Mais c’est au cours de ce processus que se règlent ou se gèrent d’innombrables conflits et insatisfactions.

L’entreprise en ressort plus forte, plus sûre de son devenir et de ses objectifs, plus soudée aussi. De quoi conquérir de nouveaux marchés, développer des activités innovantes, et se permettre de prendre des risques.

Le déploiement de la démarche QVT, un long processus payant

Il est temps de vous lancer dans une démarche qui va améliorer la vie de votre entreprise et, très certainement, ses résultats. Travail de longue haleine, cela requiert de la méthode, de la patience, et un pilotage à la fois rigoureux et souple.

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Produire un état des lieux complet de la qualité de vie au travail dans l’entreprise

La première étape consiste à évaluer la situation de votre entreprise concernant le bien-être au travail.

Cette pierre initiale à l’édifice de la démarche QVT est fondamentale pour deux raisons :

  • Elle va vous permettre de déterminer tous les points auxquels des réponses sont attendues ;
  • C’est un moment crucial pour entraîner l’ensemble des salariés dans la construction d’un meilleur environnement de travail.

C’est pourquoi la participation de tous est fortement recommandée.

Comment faire ?

En amont de l’évaluation, communiquez à l’ensemble du personnel sur la démarche à venir. Cela peut passer par une réunion avec l’ensemble des collaborateurs ou, pour une grande société, via des réunions animées par les chefs de service. L’idée est de toujours mettre en avant l’échange, l’humain, d’éviter les messages impersonnels. Empathie et engagement sont les maîtres mots.

Les salariés doivent ensuite être associés à chaque stade du processus. À commencer par la création d’un comité de pilotage, auquel participeront des membres de la direction et des employés représentant chaque secteur, branche et niveau hiérarchique.

Ce comité de pilotage a pour mission de coordonner l’ensemble de la démarche QVT. De lui émaneront des décisions et investigations à mener : création de groupes de travail sur les différents aspects, élaboration et passation d’un questionnaire qualité de vie au travail dont les résultats orienteront le plan d’action, tenue d’entretiens individuels, etc.

Y sera abordée frontalement l’existence de conflits interpersonnels, de ressentis vis-à-vis de comportements ou d’une organisation perçus comme défaillants, et de tout autre problème.

Signalons que du fait des échanges et du dévoilement de certaines insatisfactions, une partie de ces problèmes y trouveront déjà une solution.

Cette évaluation donnera lieu à un document résumant faiblesses et points forts, qui sera présenté, sous une forme allégée, à l’ensemble des services.

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Déterminer des objectifs et les prioriser

En partant du tableau de la qualité de vie au travail dressé lors de la première phase, le comité de pilotage va définir les objectifs ainsi qu’un plan d’action qui devra permettre de les atteindre.

Il faut lister tous les enjeux rencontrés et les classer entre des thématiques reprenant, par exemple, celles décrites plus haut (« Une notion très large qui touche à tous les secteurs de la vie d’une entreprise »).

Muni de cette matrice documentée et complète, le comité s’interrogera alors sur les thèmes prioritaires, et sur l’urgence à répondre à chacun des problèmes.

Les priorités à mettre en œuvre une fois identifiées, un ensemble d’objectifs sera défini. Par exemple :

  • La diversification des profils afin de répondre aux questions d’égalité des chances et de représentation des minorités,
  • La réduction du taux d’absentéisme : moins d’accidents du travail, moins de burn-out, moins de stress,
  • La prévention des violences au travail : lutter contre le harcèlement moral ou sexuel, contre le parler mal, l’irrespect,
  • L’amélioration de la qualité des recrutements pour résoudre les cas de management trop brutal ou inconsistant, de manque de compétences, de déficit d’efficacité, nuisant à la productivité comme aux relations interpersonnelles,
  • La mise en œuvre d’une politique d’égalité professionnelle : grilles salariales, revalorisations régulières ou non des salaires, des primes en faveur d’une plus grande équité, en particulier entre hommes et femmes,
  • La cohésion des employés et les conditions d’un bien-être au travail

Ce n’est pas fini, mais à ce stade une bonne partie du travail est réalisé. Il reste à mettre en musique ces éléments.

Élaborer un plan d’action

Après le « quoi » (quels problèmes), puis le « comment » (quels objectifs) vient le temps de la pratique : par quels moyens répondre de la manière la plus pertinente aux enjeux prioritaires ?

C’est vers des apports collaboratifs qu’il faut se tourner. Les groupes de travail vont produire des propositions d’action pour chaque objectif déterminé.

Il peut s’agir de mesures très simples (faire respecter les horaires de travail, modifier les modes de recrutement, créer de créneaux dédiés au bien-être au travail…), ou plus ambitieuses : révision de la grille des salaires, campagne de prévention des risques psychologiques avec numéro vert, réaménagement des bureaux, modernisation du matériel, organisation du télétravail, mise en œuvre d’ateliers de bien-être au travail, de formations, etc.

Toute idée est judicieuse et mérite d’être portée à la connaissance de tous.

Une fois ces actions hiérarchisées et sélectionnées, le plan est finalisé.

Mettre en œuvre le plan d’action

Le plan d’action doit être approuvé par la direction et les RH, puisque c’est à elles qu’incombe sa mise en œuvre.

Une fois le plan finalisé, celui-ci sera présenté aux salariés :

  • Pour permettre à chacun d’en prendre pleinement connaissance, voire d’apporter des remarques qui seront ou non prises en compte ;
  • Pour montrer l’implication totale de la direction en matière de bien-être des salariés.

Il faut par ailleurs désigner un chef de projet QVT pour piloter le plan d’action, mettre en place les mesures, en surveiller la bonne marche, conduire les évaluations et échanger sans contrainte avec tout salarié qui le souhaite.

Ce n’est pas un mince ouvrage ! Le candidat doit être à l’écoute, dans l’empathie, mais également suffisamment ferme et organisé pour éviter les dérives de tout ordre.

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Évaluer et corriger la démarche sur la durée

Tout est mis en place, les actions QVT commencent à produire leurs effets. Votre entreprise a changé. Elle ne doit pas relâcher ses efforts pour autant. Au contraire ! Le suivi et l’évaluation de l’efficacité du plan sont indispensables pour améliorer la qualité de vie au travail.

Cela nécessite la création d’indicateurs simples et peu coûteux à mettre en place.

Selon les problèmes à traiter, vous pourrez mesurer chaque mois :

  • L’absentéisme (taux/ensemble du personnel, durée moyenne, raisons),
  • Le nombre d’accidents du travail ou de maladies professionnelles,
  • Le turnover,
  • Le nombre de salariés faisant remonter un problème, le type de problème…

Par ailleurs, chaque année, un questionnaire QVT permettra de mesurer plus finement l’évolution du climat social et du bien-être des salariés.

Vous identifierez grâce à ces suivis succès et ratés de la démarche, et pourrez avec le comité de pilotage ajuster le plan d’action.

8 dispositifs pour améliorer votre démarche QVT

Voici quelques idées à intégrer dans votre démarche pour en garantir la réussite.

1 – Réunion de tout le personnel pour lancer la démarche, constitution de groupes de travail incluant toutes les strates de l’entreprise et tous les secteurs.

2 – Analyse de l’organigramme pour déterminer les personnes ou services pertinents à impliquer pour initier la démarche QVT.

3 – Mise en place d’un comité de pilotage QVT assorti d’une feuille de route.

4 – Création d’un nouveau canal de communication pour informer les salariés de l’avancement de la démarche et faire remonter de façon fluide les pistes et réponses aux enjeux de la QVT.

5 – Lancement d’appels à projets participatif auprès des services.

6 – Organisation d’une cellule « étude et évaluation de la QVT  », chargée de produire des documents, questionnaire QVT, baromètres et de les analyser.

7 – Ouverture d’une boîte à idées digitale, anonyme : chaque salarié y propose des actions ou soulève des questions. Chaque contribution sera discutée en groupe de travail.

8 – Inauguration officielle du plan d’action au cours d’une Journée santé et sécurité au travail à laquelle tout le management et tout le personnel participeront.

4 exemples d’actions possibles dans une démarche QVT

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Prenons un exemple de démarche QVT. Une PME vient de lancer son plan d’action, qui a débouché sur des mesures concrètes. Elle les met en œuvre progressivement. À titre d’illustration, en voici 4 qui ont déjà montré leur efficacité.

La mise à disposition d’espaces de détentes au sein de l’entreprise : une salle de repos avec cuisine, machine à cafés, baby-foot sera un premier pas encourageant. N’oubliez pas une douche pour ceux qui aiment courir ou viennent en vélo !

L’appel à idées sur des thématiques de bien-être au travail fait participer les salariés concernés : par exemple, la question de la parentalité est un casse-tête pour les parents comme pour l’entreprise. Des propositions pourront en sortir qui feront avancer la question et atténueront le problème. Attention, cette démarche n’est positive que si l’entreprise joue le jeu et cherche à ce que ces sessions finissent sur des actions consensuelles !

Télétravail, droit à la déconnexion, ces thématiques vont dans le sens d’une meilleure maîtrise de sa vie par le personnel. Ces outils permettront une gestion plus souple et plus épanouissante de l’interpénétration des temps professionnels et privés. N’oubliez jamais que la grande majorité des salariés sont loyaux, aiment leur travail, et ne demandent qu’à s’y investir !

L’organisation d’ateliers réguliers in situ pour gérer le stress, améliorer sa posture de travail ou résoudre des problèmes de sommeil par exemple. Vos salariés en seront reconnaissants à l’entreprise !

Il existe des milliers d’actions possibles, selon les enjeux découverts et les attentes exprimées. Faites confiance à la créativité de votre personnel !

10 ateliers idéaux pour réussir une démarche QVT

Parmi les solutions existantes pour améliorer la qualité de vie de vos salariés, des séances rapides de détente et des formations sur la prévention de troubles liés au travail sont idéales. De plus en plus souvent inscrites dans les plans d’action QVT, elles sont plébiscitées par les personnes concernées, et favorisent un regain de productivité.

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Prévenir les accidents du travail et les troubles musculo-squelettiques

1 – Rien de mieux, avant de prendre son poste, que de réaliser un échauffement. L’atelier Réveil musculaire en entreprise  apprend à effectuer des exercices simples pour protéger ses muscles.

2/3 – Une position tenue trop longtemps devant un bureau peut être catastrophique à la longue. L’atelier étirement travail sur écran réduit les risques de maladies ; on y apprend des étirements à pratiquer sur le lieu de travail. C’est aussi le but de l’atelier gestes et postures qui propose de comprendre l’effet de nos postures sur notre corps, et d’en éviter les dangers.

4 – Aussi, à mi-chemin entre le bien-être et la prévention, des sessions courtes de massage assis procurent du soulagement et luttent contre les douleurs dorsales.

Combattre le stress et les RPS

C’est un mal que beaucoup ne savent pas gérer. Le stress est à l’origine du burn-out et de nombreux problèmes de santé. Les sessions sur la gestion du stress profitent aux salariés qui retrouveront un équilibre psychologique et à l’entreprise qui verra une diminution des arrêts de travail. L’entretien d’un mental fort vis-à-vis des pressions du travail se réalise également avec des séances de yoga, de méditation  ou de sophrologie.

Prendre soin de son corps pour bien vivre sa vie professionnelle.

La qualité de vie au travail dépend des conditions offertes par l’entreprise, mais aussi d’une bonne santé et d’une hygiène de vie correcte. Certains ont du mal à respecter des règles simples. C’est pourquoi organiser des ateliers nutrition sur le lieu de travail est une bonne idée, qui aide à retrouver une alimentation plus saine. De même, suivre un atelier naturopathie permet d’affronter virus et autres bactéries sans abus de médicaments !